Edito de fin : La Ruche est morte, vive la Ruche !

Edito de fin : La Ruche est morte, vive la Ruche !

Dessin : Léna Rigout

Chers lecteurs, chères lectrices. Après une longue (très longue) période sans éditos, je vous offre enfin le quarantième édito. Mais celui-ci aura quelque chose d’un peu particulier, puisqu’il s’agit tout simplement du dernier. Du dernier édito d’une part, de mon dernier article personnel d’une autre, mais surtout du dernier de la Ruche tout court.

Car oui, après quatre ans d’une belle existence, nous avons décidé de mettre fin à cette belle aventure. Le temps nous manque de plus en plus, nos vies et nos engagements nous amènent vers toujours plus de nouveaux horizons.

Mais pour ce dernier édito, je n’ai pas prévu de m’indigner sur le monde en bonne vieille gauchiasse que je suis. Non, j’avais juste envie de vous retracer la belle histoire de notre média.

Tout commence en juin 2018. Il fait beau, le bac approche, le covid n’existe pas encore, Michel Onfray est encore un peu de gauche, et Gérald Darmanin n’est que ministre du Budget. Bref, c’était le temps de l’insouciance.

Nous sommes alors 4 jeunes terminales littéraires (pour ceux nés après 2003, un terminal littéraire c’est quelqu’un qui n’a cours qu’une heure sur deux), s’apprêtant à quitter le lycée et notre campagne sarthoise. Sauf que par la même occasion, nous sommes obligés d’abandonner Le Néologiste, journal lycéen que nous avions créé.

Mais comme écrire (même si c’était surtout pour raconter des conneries), nous tenait à cœur, il était évident pour nous de créer un autre média, qui cette fois-ci dépasserait le cadre d’un établissement scolaire et réunirait des jeunes de 18 à 25 ans, soucieux de s’exprimer.

Éloignés géographiquement mais toujours connectés (T.E.X.T.O génération texto comme dit la chanson*), nous avons commencé à recruter parmi nos nouvelles connaissances. Et c’est ainsi que le 19 janvier 2019, dans un appartement rennais mal isolé, mais avec un parquet de qualité, la ruche s’est officiellement lancée. Nous n’étions alors moins de dix.7

Au fur et à mesure des mois, de nouveaux membres se sont joints à l’équipe, d’autres en sont partis. Mais la Ruche continuait de toucher des nouvelles zones. Nous étions désormais présents à Lille, à Rennes, à Paris ou encore à Nantes.

Nous avons vu pendant ces quatre années le monde changer, passant de « oulala pas fifou le monde dans lequel on vit » à « bon ça craint carrément du cul là ».

Mais finalement, plus ça partait en cacahuète, plus ça nous donnait envie de montrer ce qui indignent notre génération, ou à l’inverse de mettre en avant ce qui nous plaisait.

Notre contenu à d’ailleurs été récompensé à deux reprises au concours Kaléïdoscoop en 2019 et 2021, concours dédié aux médias jeunes, organisé par l’Association Jets d’Encre.

D’ailleurs, cette association dont on n’a finalement jamais parlé a été centrale dans l’histoire de la Ruche. Car depuis presque 20 ans, elle défend et promeut la presse d’initiative jeune à travers différents évènements qui nous ont permis de rencontrer des tas d’autres journalistes jeunes d’autres rédactions toutes plus stylées les unes que les autres (et aussi, ne nous mentons pas de recruter des nouveaux rédacteurs).

Mais bref, allez checker ce qu’ils font, ça vaut le coup. Et je ne dis pas ça non plus parce que des membres de la ruche sont ou ont été bénévoles.

En tous les cas, ce qui est sûr, c’est que nous ne voulions pas simplement faire un média destiné à être lu. Notre volonté était clairement militante (le journalisme militant à la Ruche, c’est comme ce que fait Christophe Barbier, mais de gauche et de manière assumée). Mettre en avant notre vision des choses, à travers des récits, des sujets dont on parle peu, sans pour autant tomber dans le prosélytisme. Mais notre militantisme était aussi d’assumer que OUI, un jeune de moins de 25 ans qui s’exprime est parfaitement légitime à le faire. Les entraves à la liberté de la presse se sont faites de plus en plus nombreuses ces dernières années et à notre échelle, nous avons tenté de lutter contre ça.

Bref, la page de la Ruche va se fermer définitivement, certains d’entre nous ont désormais leur carte de presse, d’autres l’auront prochainement et d’autres se tournent vers d’autres métiers car après tout, pas besoin de vouloir être journaliste pour avoir envie d’écrire des articles.

Enfin j’aimerais remercier solennellement toutes celles et ceux d’entre vous qui nous ont lu pendant ces quatre années ou moins si vous nous avez suivi en cours de route.

La Ruche-Média Jeune et Indépendant va s’éteindre, mais la presse d’initiative jeune est inmourable.

Et pour continuer dans le champ lexical des émissions satiriques de Canal + : A tchao bonsoir !

*pour celles et ceux qui avaient oublié cette bouse…je m’excuse

Simon Bouquerel, Président et Directeur de publication

Dessin : Léna Rigout

Voici en bonus quelques témoignages d’anciens ou actuels membres de la Ruche :

« J’ai découvert La Ruche au détour d’une story Instagram — un appel à candidatures, auquel j’ai décidé de répondre. C’était en février 2020 : je terminais une prépa’ lettres, j’étais paumée. Mais je savais que je voulais faire du journalisme. La Ruche, ce sont mes tous premiers pas dans ce milieu dans lequel aujourd’hui j’étudie et je travaille. Ce sont des articles écrits dans l’urgence, pour réagir à un sujet brûlant, des chroniques rédigées quinze minutes avant l’enregistrement de l’émission, des reportages réalisés entre potes, dans les manifs. C’est un projet que j’ai toujours valorisé et que je valoriserai toujours, tant La Ruche m’a apporté : en connaissances, en technique. En intérêt pour le monde du journalisme. En rencontres, aussi. Je sais qu’avec la fin de La Ruche ne s’arrêtent pas les relations que j’ai pu y nouer, mais je ne peux m’empêcher de vous laisser avec un pincement au cœur. Merci pour ces trois années, pour mon premier poste de rédactrice en chef. Merci pour l’engagement, pour les valeurs. Merci pour la presse jeune. »

Eglantine L’Haridon

« La Ruche a été mon premier journal jeune, mais plus généralement ma première occasion d’écrire des textes qui allaient être lus par des inconnu.e.s. J’ai pu donner mon avis sur des sujets qui me tenaient à cœur (toujours avec transparence !), parler de causes qu’on écoute pas assez. Une vraie page blanche à remplir, je suis contente d’avoir pu y écrire un paragraphe. J’ai du mal à me dire que des lecteur.ices ont suivi nos aventures. Finalement je pense que j’aimais l’idée de passer des heures à faire des recherches sur un sujet sous prétexte de le partager aux autres. Le monde est tout de même passionnant, c’est beau d’avoir une motivation pour le découvrir. Le journalisme ça n’est pas une vocation pour moi mais je pense que la Ruche m’a permis de rencontrer l’intérêt que j’avais depuis longtemps pour l’écriture. Je garde la porte ouverte pour de futurs médias, ponctuellement et quand une idée me paraîtra nécessaire à être exprimée. »

Lison Bourcier

« L’aventure touche à sa fin, Alors il est l’heure de dire au revoir. Remercier tous les contributeurs, Unis dans un même projet. Ces quatre années ne s’effacent pas d’un claquement de doigt. Heureusement internet existe, tous les articles et vidéos demeureront sur la toile (et non sur la ruche) Éternellement bzzzz bzzzz. »

Yanis Boudjenane

« J’ai intégré la rédaction de La Ruche il y a un peu moins de deux ans, quand je commençais tout juste mes études, car ce média incarnait des valeurs que je partage. Au contact des autres membres, j’ai pu me forger des armes pour l’écriture d’articles grâce aux conseils d’autres membres de la rédaction. J’ai également rencontré pendant ces 2 années des personnes à l’écoute, bienveillantes et ma foi fort sympathiques. Bien que je sois un peu émue de la fin de cette aventure, ce fut une belle expérience, bénéfique, très humaine et formatrice, et j’en ressors encore plus déterminée de faire du journalisme mon métier. Merci beaucoup à La Ruche, à l’équipe de rédaction et au bureau qui ont fait exister La Ruche. »

Clémence Gellis

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