Si le décès d’Elizabeth II n’était pas venu interrompre provisoirement la majorité de ses plans, Liz Truss, première ministre britannique depuis peu, serait, avec une équipe juridique, toujours en train de travailler sur son projet de bloquer une nouvelle loi progressiste écossaise qui faciliterait le changement de mention de genre. Le 7 septembre 2022, soit de lendemain de la nomination de Truss, deux personnes anonymes ont informé le média Vice du projet de la première ministre d’empêcher ou au moins de mettre en pause le vote de cette loi.
En quoi consiste exactement cette loi ?
Comme mentionné dans l’introduction, cette « Gender Recognition Reform
Bill » est un projet de loi qui consiste à simplifier la procédure légale pour
changer de mention de genre à l’état civil. Il suffira simplement aux personnes
transgenres de plus de 16 ans (contre 18 actuellement au Royaume-Uni) de fournir une attestation d’auto-identification de genre, sans avoir à se soumettre à un examen médical ni d’entretien psychiatrique. Ces derniers sont à ce jour obligatoire pour changer de mention de genre sur le plan légal au Royaume-Uni, ce qui, en passant, fait de lui le pays d’Europe avec le processus de reconnaissance du genre des plus restrictifs d’Europe.
Réactions à cette annonce
Un.e des lanceur.euse.s d’alerte a déclaré à Vice qu’iels étaient « préoccupés
par le fait que tout le grand travail d’égalité trans fait par l’Écosse sera
balayé d’un revers de main lorsque Liz Truss entrera au numéro 10
[Downing Street] »
Beaucoup d’associations LGBTQIA+ et une grande partie de la classe politique écossaise se sont indignées, et les minces justifications du Bureau gouvernemental pour l’égalité n’ont pas réussi à apaiser cette indignation. Le Bureau explique que la première ministre a décidé d’entreprendre cette démarche pour étudier « les effets potentiels de cette législation sur les droits des citoyens du reste du Royaume-Uni » et que cette équipe « travaille avec
ses homologues écossais et d’autres parties prenantes ».
Beaucoup de personnes faisant partie de la communauté LGBTQIA+ au
Royaume-Uni (mais pas uniquement) ont également manifesté leur
inquiétude vis-à-vis d’une probable politique LGBTQIA+phobe de Truss.
Truss, transphobe jusqu’au bout des doigts et amie d’antiprogressistes
Ce n’est pas la première fois que Liz Truss est accusée de transphobie.
Lorsqu’elle occupait la fonction de Ministre des femmes et de l’égalité
dans le gouvernement de Boris Johnson, elle a certes défendu le projet
de l’interdiction des thérapies de conversion, mais il ne faut pas négliger
qu’elle a décidé de ne pas inclure les personnes trans et non-binaires
dans ce même projet.
En plus de cela, la ministre de la santé britannique et numéro 2 du
gouvernement, Therese Coffey, proche amie de Truss, s’est opposée à
la légalisation du mariage homosexuel en 2013 en votant contre le
projet de loi. Coffey est également anti-abortion : elle a voté contre la
mise à disposition permanente de pilules abortives à domicile après la
pandémie de COVID-19.
Même si les quatre principaux postes de l’exécutif sous le gouvernement
Truss ne sont pas occupés par des hommes blancs, ce qui pourrait être
considéré comme un progrès, la première ministre tente déjà
d’empêcher l’avancée des droits des personnes transgenres.
Cependant, concernant le vote de cette loi, tout espoir n’est pas vain,
car, si l’on se fie à la presse britannique, le gouvernement écossais
possède la compétence et la légitimité démocratique nécessaires afin
de mener la réforme à son terme.
Clémence Gellis