Un train d’avance pour l’Allemagne en matière de transition écologique ?

Un train d’avance pour l’Allemagne en matière de transition écologique ?

Si le développement du chemin de fer répondait originellement à une nécessité économique, les investissements actuels dans la mobilité ferroviaire mettent expressément en exergue une volonté d’accélérer les efforts climatiques. Alors qu’en Allemagne (Hambourg, Berlin, Stuttgart et Francfort), l’interdiction des véhicules diesels fait florès (et que l’avion devient de plus en plus boudé), le train constitue un moyen de plus en plus privilégié par les gouvernements. Retour sur une politique allemande qui fait du chemin de fer la pierre angulaire de son discours écologique.

Une volonté de transition dans le sillage des objectifs européens 

« L’Union européenne prévoit d’ici 2023 la construction d’environ 580 km de nouvelles lignes ferroviaires et la reconstruction de près de 6 000 km de lignes existantes. Nous devons veiller à ce que les principales lignes européennes soient connectées aux lignes régionales, afin qu’aucune région, aucun pays, ne soit laissé pour compte. » Tels sont les dires de Elisa Ferreira, Commissaire européenne chargée de la cohésion et des réformes. Afin de promouvoir l’usage du ferroviaire, la Commission européenne a déclaré 2O21 “Année européenne du rail”. Accélérer la transition vers une mobilité durable, un principe dont la visée s’inscrit dans la droite ligne du Pacte vert pour l’Europe – fixant l’objectif européen de neutralité climatique d’ici 2025. 

Dans cette optique, 2021 a permis la mise en œuvre du quatrième paquet ferroviaire (politique relative au transport transeuropéen) dont la visée tend à éliminer les goulots d’étranglements, construire les liaisons transfrontalières manquantes, promouvoir l’intégration des différents modes de transport et leur interopérabilité. L’ouverture des marchés nationaux du transport de voyageurs permettra également aux entreprises d’offrir de services concurrents. En cause ? Le réseau ferroviaire européen, bien que largement envié par ses voisins américains, comporte un certain nombre de disparités. L’objectif paraît clair : disposer d’un réseau ferroviaire européen plus efficace, offrant une mobilité transfrontalière continue. 

“L’Allemagne investira 86 milliards d’euros dans le rail d’ici 2030”

En 2016, elle avait déjà été surprise en réhabilitant le train de nuit (grâce à la compagnie autrichienne OBB). L’initiative du gouvernement allemand s’inscrit dans une dynamique favorable au ferroviaire outre-Rhin : le train est perçu comme stratégique par Berlin, qui entend moderniser le rail dans le cadre d’une politique de verdissement de son secteur des transports. Les principaux objectifs de cette dépense aux allures colossales ? “Remplacer les installations obsolètes », “améliorer l’état des ponts”, “garantir l’accès aux handicapés”, d’après le ministre des Transports, Andreas Scheuer, qui salue « le plus important programme de modernisation jamais mené en Allemagne ». Côté financier, ce sont 62 millions d’euros qui seront dépensés par l’Etat fédéral, accompagné par 24 millions par la Deutsche Bahn. 

“Le train illimité”, pour 9 euros par mois : une expérience de dernière minute inédite 

Début juin, le gouvernement allemand lance une expérience inédite, qui a fait grand bruit. A ce prix dérisoire, les utilisateurs pourront se fixer des transports en communs des villes allemandes et de l’ensemble des trains régionaux du pays. En réponse face à la flambée des prix ? Au travers de cette initiative, le gouvernement Scholz souhaite répondre à un objectif double : d’abord permettre aux allemands, dont le pouvoir d’achat a souffert ces derniers mois, de voyager de manière durable. Cependant, il convient de relever les inquiétudes relatives à cette envolée des voyageurs (50 000 billets ont déjà été vendus dans les premières heures de l’annonce, d’après Ouest France) : l’île de Sylt, dans le nord de l’Allemagne, a abordé ses craintes face à la probable arrivée massive des touristes sur les plages cet été par la voie ferrée, l’unique route qui la relie au continent.

Des objectifs climatiques en ligne de mire 

L’ensemble de ces annonces s’inscrivent dans le cadre du plan climat de l’Etat Allemand, dès lors sa présidence au Conseil de l’Union européenne, de juillet à décembre 2020. A l’époque, Merkel (alors chancelière) entendait baisser le prix de certains billets de train. Une conséquence du plan climat adopté le 20 décembre 2019 par le Parlement allemand, qui vise à réduire de 55% les émissions de gaz à effet de serre de l’Allemagne d’ici à 2030 par rapport à leur niveau en 1990. Dans le cadre dudit plan, un projet de loi a été voté, prévoyant une hausse des taxes sur les billets d’avion pour les vols domestiques et à l’intérieur de l’espace européen. Cette mesure a permis d’inciter les allemands à privilégier le train.

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