En général quand je planche sur mes éditos c’est pour parler de la dernière polémique à la con sortie de notre gouvernement ou de déclarations de nos bons vieux droitards (les deux n’étants pas nécessairement dissociables).
Mais avec les évènements de ce week-end, on a atteint un stade qui nous ferait presque avoir de la tendresse et de la nostalgie pour les petites polémiques sur l’écriture inclusive, les menus végétariens ou les pains aux chocolats.
Car ce week-end les dérives fascisantes sont montées d’un cran dans notre pays avec le meeting bulldozer d’Éric Zemmour rempli de violence, aussi bien dans les propos tenus que dans les coups de poing distribués.
Devant un parterre de personnalités qu’on savait être d’extrême droite, mais dont on en a maintenant la preuve : Christine Boutin, Jacline Mouraud ou encore Eric Naulleau (qui a quand même tenté de nous faire croire qu’il était là en tant que journaliste), Zemmour a égrainé ses idées, islamophobes, homophobes, néo-libérales. Il n’a pas hésité, à la manière d’un Trump à jeter en pâture les journalistes, les juges, les associations, les intellectuels, bref, tous les contre-pouvoirs qui permettent à la France de rester une démocratie. Ils ont été accusés de tous les maux de la terre. Des maux pourtant inexistants.
Outre la violence verbale, il y a bien évidement eu la violence physique. D’abord envers les journalistes. Combien ont été violentés, arrêtés arbitrairement à l’entrée du meeting ? Et je ne parle même pas des manifestants ayant subit le même sort. Enfin, le point d’orgue de la violence a eu lieu lorsque des manifestants antiracistes ont été agressés par des spectateurs à l’intérieur de la salle.
Et pourtant, certains arrivent à être ambigus dans leurs analyses. Quelle ambiguïté peut-on avoir ? Des personnes ont été violements agressés parce qu’elles criaient « non au racisme », ça semble équivoque sur les idées de la zemmourie non ? Mais pourtant il y aura toujours les « Jean-Michel Centriste » pour nous dire que bon quand même, on est en démocratie les néo-nazis ont le droit de s’exprimer et après tout ils l’ont un peu cherché bla bla bla.
Les chaînes info ont d’ailleurs encore bien chié dans la colle en nous abreuvant d’images du meeting comme si c’était l’évènement du siècle alors qu’au cas où personne ne le saurait, il y a des tas d’autres candidats et que j’ai du mal à imaginer CNews, LCI et BFM faire une journée spéciale consacrée à un meeting de Philippe Poutou. A force de jouer à la normalisation de l’extrême droite, ils ont laissé se propager, tel un variant, des éditorialistes d’extrême droite. Auparavant marginaux, ils mènent désormais les débats (tout en nous faisant croire qu’ils sont persécutés par le « système »).
Pour continuer dans l’extrême droite décomplexée, le service d’ordre d meeting a en partie été assuré par un groupuscule ouvertement néo-nazi. Normal.
Ça serait quand même pas mal de le lui rappeler à chacune de se interviews. On demande encore à Mélenchon de s’excuser d’avoir participer à une manifestation contre l’islamophobie sous prétexte que des individus d’un autre cortège auraient crié « allah akbar ». Alors si on pouvait faire la même pour le Z ça serait chouette !
Enfin bref, on a globalement le fascisme à nos portes et de trop nombreuses personnes continuent de souffler sur les braises et de jouer la carte de la neutralité. Non il n’y a pas de neutralité à avoir. Le programme de Zemmour est destructeur pour la démocratie et inverser les rôles en voulant faire passer les antifas et les antiracistes pour les méchants de l’histoire est hautement problématique. Ces dernières années les vannes de la décomplexion ont été ouvertes à grands flots. Et on en récolte les résultats. L’extrême droite est partout, normalisée. En 2002, la France s’était levée contre Le Pen. En 2022, elle bouge à peine l’auriculaire face à un candidat bien pire. Que Zemmour passe ou pas, il aura déjà gagné. Face à la passivité du gouvernement et des médias mainstream, ses idées ont déjà bien pollué le débat public et comme un vieux déchet, elles risquent de mettre du temps à se décomposer.
Simon Bouquerel