Edito #29 : Les régionales, victimes collatérales de la surenchère sécuritaire

Edito #29 : Les régionales, victimes collatérales de la surenchère sécuritaire

Les récents prises de parole politique combinées aux différents débats médiatiques ne font plus aucun doute : malgré un quinquennat rythmé par des grèves, les gilets jaunes ou la pandémie de covid-19, la campagne électorale de 2022 sera centrée sur la seule thématique qui peut sauver les fesses de Macron, quitte à faire émerger encore plus le RN : la sécurité.

Malheureusement, cette thématique vient également s’inviter dans l’agenda et dans les programmes des élections régionales qui auront lieux ce week-end partout en France. Car sans réelles surprise, cette élection (à l’instar de sa « petite sœur » l’élection départementale) est totalement vidée de son intérêt et de son utilité pour la démocratie locale pour se muer en une sorte de répétition générale pour 2022. Nul doute qu’une grande majorité des électeurs qui iront voter ce week-end seront avant tout guidé par leur volonté pour 2022, avant leur volonté pour leur région.

Dans ce cas comment expliquer que le RN soit encore aussi haut dans les sondages ? Lui qui, une fois de plus ne propose rien de concret en matière de politique locale et dont le slogan est « pour une région qui vous protège » ? Parce que rappelons-le une bonne fois pour toute (parce que visiblement ça n’a pas l’air clair) : la région n’a aucune compétence en matière de sécurité ! Comment avons-nous pu dévier à ce point en termes de cohérence politique pour qu’un parti puisse faire de gros scores sur la base de promesses qu’il sait déjà qu’il ne peut pas tenir ? Et si seulement il n’y avait qu’eux… La plupart des partis ayant des ambitions pour 2022 semblent avoir accepté l’idée de tout miser sur la sécurité, quitte à se trahir politiquement pour éviter d’être traité « d’islamo-gauchistes » incompatibles avec la république.

Peu importe qu’on vote dans les Hauts-de-France, en Occitanie ou en Pays-de-la-Loire, on votera pour une élection dont on a subtilisé l’intérêt 1er : celui de pouvoir s’émanciper un peu des décisions parisiennes, de pouvoir s’émanciper un peu de l’agenda politique national. Mais non, la encore, comme aux européennes, le choix des électeurs fera fi du programme et sera orienté par ce qu’a pu dire untel ou untel sur la matinal de BFM, qu’on a invité à commenter un fait divers quelconque qui n’en concerne même pas la région de l’invité.

Au-delà des acteurs politiques, les grands médias (encore eux) ont une grande part de responsabilité de cette déviance électorale. Le paroxysme ayant été atteint par Laurence Ferrari qui, sur CNews a reproché à Clémentine Autain (candidate France Insoumise en Île-de-France) que le mot « sécurité » n’apparaissait nulle part dans son programme. Ce à qui l’intéressé a justement répondu que la sécurité ne faisait pas partie des compétences de la région (réponse qui n’avait malgré tout pas l’air de satisfaire Ferrari). On peut cependant tirer notre chapeau à de nombreux médias locaux (souvent indépendants) qui ne tombent pas dans ce piège et arrivent à construire des débats, émissions, interviews pertinentes.

Bref, si ça ne tenait qu’à moi je taguerais sur toutes les maisons que voter pour untel ou untel aux régionales pour des raisons sécuritaires ne sert à rien, que cette élection est avant tout là dans l’intérêt de l’éducation, de la formation, du sport, des transports, etc. Des thématiques majeures, de plus en plus reléguées au second plan.

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