Lille a célébré à deux reprises la journée des droits des femmes. Ce samedi 6 mars, une première manifestation avait lieu. Le 8 mars, jour « officiel » de lutte, les manifestant·es se sont cette fois-ci regroupé·es sur la place de la République, face au palais des Beaux-Arts. Discours et témoignages poignants, chansons, actions symboliques, pancartes : tout était au rendez-vous pour que chacun·e puisse exprimer convictions et revendications. Eglantine L’Haridon s’est rendue sur place avec son appareil photo.
« Les hystériques sont de sortie : tremblez messieurs » : une manifestante arbore fièrement une pancarte rouge sang, se jouant avec une douce ironie des clichés véhiculés sur les mouvements féministes.Jeunes, vieux, hommes, femmes : les profils sont variés sur la place de la République.Un militant de la CGT, un des syndicats appelant au mouvement, marie le rouge et le violet caractéristique de la lutte féministe. Il écoute le témoignage d’une sage-femme qui rappelle que la lutte des sages-femmes est prégnante de la lutte féministe. Recto-verso : la même pancarte qui prévenait que « les hystériques [étaient] de sortie » souligne également l’importance de la sororité au sein du mouvement. Sororité, déclinaison féminine de la fraternité bien connue de la devise nationale.Inspiré du groupe de rap metal américain Rage against the machine, le slogan « Rage against the machisme » résume bien l’idéologie féministe, visant à lutter encore et toujours contre sexisme, patriarcat et comportement machistes.Emma, militante et manifestante, arbore fièrement un maquillage aux couleurs de la lutte féministe.Le regard perçant de cette manifestante souligne bien les mots inscrits sur sa pancarte : « au bûcher le patriarcat ». La sorcière dessinée à côté et le bûcher font référence au mouvement de pensée promu par la journaliste et essayiste Mona Chollet : la répression des féministes commença avec la chasse aux sorcières du Moyen-Âge, et se perpétue depuis sous de multiples formes. « Déjà 14 féminicides en 2021. À quand la fin ? » questionne cette manifestante. Les femmes sont en effet en première ligne des attentats commis par leurs compagnons et ex-compagnons : alors que beaucoup plient sous les coups des hommes de leurs vies, l’attente de mesures et de changements se fait pesante.Après avoir exposé leurs pensées et lu un texte de l’écrivaine Lola Lafon décriant la Une de Libération du 8 mars, deux manifestantes déchirent, devant le reste des rassemblé·es, le journal de ce lundi.Une militante porte une pancarte « Contre la précarité féminine, riposte lesbienne ». Le lesbianisme (politique), une solution ? C’est ce que se disait, en 1992 déjà, la romancière et philosophe Monique Wittig dans son essai La pensée straight.
Rédactrice culture, société et politique ; chroniqueuse à mes heures perdues. J’aime bien discuter géopolitique, féminisme et écologie ; j’aime encore plus écrire à ce sujet !