8 mars à rennes: la révolution sera féministe ou ne sera pas

8 mars à rennes: la révolution sera féministe ou ne sera pas

Ce lundi 8 mars avaient lieu partout en France des rassemblements à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes. Le mot d’ordre : dénoncer les injustices, la discrimination et les violences subies par les femmes dans tous les domaines de la société. Parmi les revendications: la PMA pour toutes, la revalorisation des métiers à prédominances féminine ou encore l’égalité pure et simple entre les femmes et les hommes, à la maison, au travail, partout.

La Ruche s’est rendue à Rennes pour suivre cette journée de célébrations et de revendications.

Photographe : Gil Martel

Il est midi quand les représentants de diverses associations et syndicats commencent à prendre la parole à Villejean, quartier populaire au nord de Rennes où avait lieu le premier rendez-vous pour le départ du cortège. Plusieurs chiffres notamment relatifs au sexisme au travail et à la surreprésentation des femmes dans les professions les plus précaires sont évoqués. La question des conséquences des inégalités salariales et des statuts professionnels sur la retraite entre autres est aussi abordée à l’instar de d’autres faits et chiffres rappelant l’absence des femmes aux postes de pouvoir : « La majorité des professeurs des écoles sont des femmes et pourtant presque tous les postes de directeurs d’écoles sont occupés par des hommes ».

Régine Komokoli, porte-parole du collectif Kune (collectif de femmes de Villejean pour améliorer la vie du quartier et son image) s’exprime à son tour et manifeste sa fierté de voir le cortège partir de son quartier pour la toute première fois : « L’idée quand on a fait cette demande était vraiment d’être sûres qu’il y ait une sororité, de voir qu’on est pas toutes seules ici à Villejean, c’est vraiment l’idée de s’ouvrir, de décloisonner ».

Le cortège, alors fort d’une centaine de personnes, majoritairement des étudiants, part en direction du CHU de Pontchaillou, rameutant au passage plusieurs dizaines puis centaines de retardataires.

Photographe : Gil Martel

« Papou », militante convaincue et convaincante s’époumone et lance avec humour, parfois avec colère, les slogans féministes que l’on ne présente plus : « Nous sommes fortes, nous sommes fières, et féministes et radicales et en colère ! », « La rue elle est à qui ? Elle est à nous » « So, so, so, solidarité avec les feministes du monde entier », « Le patriarcat, ne tombera pas tout seul, organisons nous pour lui casser la gueule ! ».

A Pontchaillou, près du CHU, les slogans changent. Ici, la volonté est d’apporter force et soutient au personnel de la santé, encore une fois majoritairement composé de femmes, et durement éprouvé par la crise sanitaire et le manque de moyens. Les cris fusent : «So, so, solidarité avec le personnel hospitalier » ou encore « Plus de fric pour la santé, pas pour les flics ni pour l’armée ».

Photographe : Gil Martel

Sur le chemin, le cortège est souvent applaudi, klaxonné et acclamé par les passants, les automobilistes et les habitants à leurs fenêtres. L’ambiance est assez paradoxale, elle est à la fois à la fête, au bonheur de se retrouver entre femmes, de se célébrer et à la colère, colère de ne pas être écoutées, colère que les choses aient si peu changé depuis mars dernier, colère de devoir encore rappeler les noms de plus de 150 femmes victimes de féminicides pour leur rendre hommage. La colère est d’autant plus présente qu’en cette période « sacrée » pour la lutte féministe, deux polémiques sont venues troubler le message en vigueur. En effet, la police nationale a récemment tweeté : « Envoyer un nude, c’est accepter de prendre le risque de voir cette photo partagée », participant ainsi à la culture du viol et à l’inversion de la culpabilité en rejetant la faute sur les victimes de « revenge porn ». C’est ensuite le quotidien Libération qui a fait polémique en dévoilant sa Une pour le 8 mars, annonçant publier la lettre d’un violeur à sa victime.Après un passage devant le planning familial et beaucoup de bruit pour les remercier du travail qu’ils accomplissent, le cortège arrive enfin à République aux alentours de 13h50, où une marée de femmes attendent de pouvoir se joindre au rassemblement. Le cortège passe alors de quelques centaines de personnes à plusieurs milliers de femmes (et d’hommes, bien que minoritaires).

La place de la République est jonchée de collages féministes aux murs « Éduquez vos fils » , « Nique le cistème » et au sol avec les noms des victimes de féminicides en 2020 et 2021.

Photographe : Gil Martell

Une chorale entonne des chants féministes puis les associations, collectifs et syndicats se succèdent encore une fois pour porter des discours plus nécessaires et forts les uns que les autres. Prennent alors la paroles des représentantes de syndicats étudiants dont Chloé, porte-parole de la FSE de Rennes, une représentante de l’association des Pétrolettes (association de travailleuses du sexe pour les travailleuses du sexe), ou encore une représentante de la CGT etc.

Tous-tes appellent à la démission de Gérald Darmanin, actuel ministre de l’intérieur soumis à une enquête pour viol, qui selon les militantes, prouve que l’égalité hommes-femmes n’est pas la grande cause du quinquennat d’Emmanuel Macron mais plutôt la « grande oubliée du quinquennat ».

Photographe : Gil Martel

Après un bref rappel humoristique des positions à respecter dans le cortège (femmes et minorités de genres devant et hommes cisgenre, c’est à dire se reconnaissant dans leur genre assigné à la naissance, derrière le cortège de tête), les quelques 2000 manifestants partent en direction de l’Esplanade Charles De Gaulle en entonnant de nouveaux des slogans féministes et en chantant et dansant sur une playlist entièrement féminine et féministe qui regroupe Beyoncé, Rihanna, Angèle ou encore Yelle. On y trouve aussi des remix féministes des tubes « Bande organisée » ou « Anissa » dénonçant le sexisme dans le rap pour l’un et appelant à la démission d’Emmanuel Macron pour l’autre.

Photographe : Gil Martel

Aux alentours de 16h, le cortège arrive près de l’esplanade Charles de Gaulle où il s’arrête pour assister au déploiement de la grande toile « Femmes en grèves, on arrête tout- tes » sous les cris et les applaudissement de la foule.

Photographe : Gil Martel

Rennes a brillamment répondu à l’appel de la quarantaine d’organisations rennaises et honoré cette journée internationale des droits des femmes. Des militantes rappellent cependant que « Le 8 mars c’est tous les jours » et appellent à rester mobiliser tous les jours tant que l’égalité des genres ne sera pas acquise.

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