Et voilà, trois mois de vie en tant qu’hypokhâgneuse plus tard, c’est avec plaisir que j’écris cet article pour vous transmettre ce que cette nouvelle vie m’inspire. Des inspirations qui, je pense, peuvent être intéressantes pour les lecteurs simplement curieux, autant que pour l’orientation scolaire de certain.e.s !
A vrai dire… malgré le fait que je m’exerce à l’expression écrite sans relâche cette année… je ne sais par quoi commencer. Alors revenons dans le passé : la prépa, avant d’y être, qu’est ce que c’était pour moi ? C’était l’image d’une élite, la tête plongée dans les devoirs ! Et ce, sans cesse ! Quelque chose de réservé. Comme une montagne immense, non pas infranchissable, mais qui n’apparaissait tout simplement pas dans mon paysage. Moi, avant d’y être, j’ai été une bonne élève au lycée, impliquée dans beaucoup de projets pendant mon année de terminale, soit avec un beau dossier sur Parcoursup. Alors voilà, la grande liberté que laissait la vingtaine de vœux possibles sur Parcoursup m’a menée, surtout par curiosité à vrai dire, à demander de nombreuses prépa. Pourquoi ? Je ne sais pas, peut-être pour voir ce que valait vraiment mon dossier ? Pour tester ce système ?
A ma grande surprise, mes vœux ont été tous acceptés. (J’en profite, si certains futurs terminales, ou terminales me lisent : je n’avais pas des notes excellentes. Mais des appréciations très positives et un grand engagement extrascolaire ! C’est l’ingrédient le plus important pour avoir des réponses positives, d’après moi.). Alors, la littérature me manquant (anciennement en terminale ES), et n’étant pas certaine de mes envies de futur, j’ai choisis de rentrer en hypokhâgne. On m’a promis une effusion de savoir, je ne suis pas déçue. Bien-sur, la prépa, c’est un mode de vie. Il faut être prêt à travailler tous les jours plusieurs heures en plus des cours, à être dans un lycée, justifier ses absences, manger au self avec des lycéens. Mais c’est aussi bien plus que toutes ces aspects matériels : c’est un apprentissage passionnant (si l’on a le cœur à être passionné sur ces sujets), des connaissances précises, l’occasion d’apprendre à bien écrire, et une place unique au sein d’une classe qui a tout pour être unie ! Ce que je veux dire par là, c’est qu’en dehors des contraintes matérielles, la prépa a de nombreuses vertus qu’on efface souvent derrière les clichés. Je pense que pour s’y plaire, il faut travailler à voir le travail personnel non pas comme une contrainte, ou une perte de temps, mais comme un enrichissement. Il ne faut pas voir ces heures de travail comme « ne pas avoir de vie », car oui, travailler, si on s’y épanoui, c’est autant « avoir une vie » que passer sa journée à ne rien faire ou à regarder les réseaux sociaux.
Pour ma filière, l’enseignement dispensé n’a plus rien à voir avec celui du lycée, il faut s’attendre à ce que tout soit très littéraire, notamment les langues (les épreuves étant de la traduction (épreuves appelées thème et version), et le commentaire d’un texte en langue étrangère). Pour l’histoire, un sujet d’étude est plus poussé : on a par exemple passé 3 mois sur la Grèce Antique. Tout cela n’a plus rien à voir avec l’aspect mécanique que donne le programme du bac aux cours de lycée. Je dirais aussi qu’il y a un réel échange entre les professeurs et les élèves (ces derniers étant bien souvent plus volontaires et curieux qu’au lycée). Il faut être également prêt, et c’est bien connu (à juste titre cette fois), à voir ses notes chuter si on les compare à celles du lycée : mais il ne faut pas comparer : les barèmes en prépa étant ceux du concours de l’Ecole Normale Supérieure, n’ont rien à voir avec ceux du lycée, l’exigence n’est vraiment plus la même. Aussi, ce qui est essentiel est l’organisation : ma vie culturelle et sociale cette année est plus foisonnante que celle de l’année dernière. Cette année, la valeur qu’a le temps pour moi n’est plus la même qu’auparavant. Mais le combat contre la procrastination reste dur ! Je ne sais pas ce qu’il en est réellement en fac, mais la prépa vous assure d’être dans un environnement social composé de personnes qui, globalement, vibrent pour la même chose que vous.
En somme, le terme « microcosme » défini bien la prépa. Il sera difficile pour vos amis qui ne sont pas en prépa de vous comprendre. Vous comprendre, mais pourquoi ? Vous comprendre parce que, en dehors du tableau idéal que je vous peins ici, la prépa, c’est dur. J’ai découvert cette année ce qu’était la réelle fatigue psychique. Il faut être prêt à se donner du mal, et avec cette expérience, cette expression – se donner du mal – fait bien plus sens qu’auparavant. La prépa c’est une expérience permettant une réelle introspection : le début de l’année a été dur pour moi car j’ai réalisé que ce que j’appelais « travailler » au lycée, n’aura plus le même sens cette année, alors j’ai du voir en face ma peur, et positiver pour me convaincre que j’arriverais, petit à petit, à gravir cette si haute montagne.
Mais concrètement, pourquoi ça peut être dur ? Parce que c’est un marathon sur plusieurs mois (et encore, je n’ai fais que le début !). Parce qu’on est humain, et que les sentiments et l’instabilité de la vie rentrent vite en compte dans la capacité à tenir un objectif, une constance. Mais aussi, avec les devoirs le samedi matin, plus ou moins réguliers selon les prépas, (et encore, c’est moins compliqué que je l’imaginais.). Avec les kholles qui ne laissent pas place à la passivité. Les notes qui pour certains sont difficiles à accepter. Puis, comme dans toute filière, toutes les matières ne susciteront pas autant votre intérêt, et il faudra se forcer parfois. Et enfin, si l’on compare, (il ne faut donc pas laisser son esprit divaguer à cette comparaison qui peut être douloureuse.), l’emploi du temps est bien moins léger que celui de la fac, et, du fait du suivi plus individualisé, surement plus de contrôles.
Mais l’expérience en prépa ne peut être regrettée ou perdue. Que vous vous dirigiez ensuite vers un domaine littéraire, ou non, vous aurez acquis une rigueur sans pareil en prépa, de même pour votre méthode de travail, votre expression, et votre connaissance de vous-même (sans oublier la masse de culture générale). Personnellement, je vois cette expérience comme un défi. Mais il ne faut pas s’infliger trop de pression : vous pouvez aller en prépa sans avoir pour objectif d’intégrer l’ENS ! Et qui sait, peut-être votre objectif changera t-il ?
Et voilà ! Toutes ces paroles étant celles d’un moment T, et le temps avançant sans cesse, peut-être réécrirais-je un article en fin d’année pour vous faire part de pensées plus muries sur mon expérience. Les arguments que j’ai donné ici ont été réfléchis par ma propre expérience, mais également ce que j’ai observé chez les autres. C’est avec plaisir que je répondrais à vos questions plus personnellement ! Et si vous voulez vous intéresser à la prépa sous un angle différent, je vous invite à consulter instagram et ses comptes sur la prépa en tous genres (varier ses sources pour se faire son propre avis peut être qu’intéressant !).
Le jargon
Kholles : interrogations orales du type concours de l’ENS, préparées souvent une heure au préalable.
Hypokhâgne : première année de prépa littéraire – lettre supérieures – prépa A/L. Ayant pour objectif initial de préparer au concours de l’ENS avec la khagne ensuite.
ENS : école normale supérieure
Khâgne : deuxième année de prépa littéraire avec pour objectif initial d’être admis –ou sous admissible à l’ENS.
BEL : banque d’épreuves littéraires : panel de plusieurs écoles que les étudiants de khâgne peuvent intégrer –ou non– selon leurs résultats au concours de l’ENS.
Lucie Jacqueline