Nouvel édito, le mercredi cette fois et trois jours après le sujet dont il est question, il n’y a clairement plus de respect des règles de ma part mais je m’en contrefous royalement au même titre que Gilbert Collard et Daniel Cohn-Bendit se contrefoutent de la courtoisie et du principe débat apaisé.
Bref, tout ça pour dire que dimanche, c’était les élections européennes, élections qui ont vu le Rassemblement National arriver en tête avec 23,31 % des voix devant la République en Marche avec 22,41 %. A noter la très grosse surprise d’Europe Ecologie les Verts qui arrive 3e avec 13,47 % des voix, surfant sur la très surprenante vague verte qui a déferlée sur l’Europe.
Au niveau des réactions à ces résultats, on a pu entendre encore une fois tout et n’importe quoi. Tout d’abord le Rassemblement National qui certes arrive en tête mais visiblement ne comprend toujours pas qu’il n’est pas la première force d’opposition tout simplement car l’opposition au niveau national c’est surtout au parlement et c’est pas avec 8 pauvres députés à l’Assemblée qu’on peut prétendre à quoi que ce soit. D’ailleurs la demande de Marine Le Pen à Macron de dissoudre l’Assemblée est cocasse quand on sait que s’il le faisait, le RN n’aurait pas plus de siège tout simplement car si le parti d’extrême droite arrive toujours en tête aux premiers tours des élections, il se fait toujours écraser aux seconds tours. En bref, RN 1er part de France, peut-être, mais certainement pas le parti qui convient à la majorité des français.
De son côté la République en Marche n’est toujours pas capable de voir que c’est une défaite car 22,41 % de 50,12 % des inscrits ça reste petit par rapport au nombre de français. Mais bon, ces derniers avaient bien bossé leurs éléments de langage pour relativiser. LREM a d’ailleurs officialisé son penchant à droite (même si c’était comme les magouilles de Patrick Balkany : ce n’était pas officiel mais au fond tout le monde le savait déjà). En effet, hormis les électeurs de la première heure, la République en Marche doit surtout son score à l’armée des golfeurs en polo Lacoste de Neuilly et du 16e. Ces derniers historiquement électeurs des Républicains ont pour certains préférés lâcher le navire LR, dont le permis bateau du capitaine Wauquiez semble avoir été décroché dans un Kinder Surprise.
Ensuite, on pourrait parler des 2 grands perdants : Les Républicains et La France Insoumise. En effet, les scores bien en dessous des espérances de ces partis ont fait passer une soirée bien morose aux cadres de ces partis. Sur tous les plateaux télés on a pu voir à gauche Corbière, Coquerel, etc. et à droite Retailleau, Dati, etc. tirer des têtes d’enterrement qui ferraient passer François Fillon pour le plus gros déconneur du monde. Mais bon ces partis avaient leurs phrases toutes faites pour expliquer que ces résultats n’étaient pas de leur faute mais évidement de celle des autres.
Autre thème qui a souvent été abordé au soir de l’élection : l’échec de la gauche. Mais quel échec ? C’est vrai qu’individuellement les partis de gauche ne sont pas dans le top du classement mais il faudrait enfin comprendre (surtout pour le RN et LREM) que ce n’est pas la place au classement mais bien le nombre de sièges parlementaires emportés qui compte dans cette élection. Et à ce jeu, la gauche s’en sort très bien. En effet, si on considère le nombre de sièges par « camp » politique (et non par partis) en mettant l’extrême droite, représentée par le RN la droite, représentée par LR, le centre représenté par LREM (même si je dirais plutôt centre droit) et la gauche représentée par EELV, FI et le PS (oui naïvement je mets quand même le PS à gauche malgré les anciennes accointances sarkozistes de leur leader), c’est le camp de la gauche qui arrive en tête. Donc en somme il y aura plus de député européen français de gauche que de droite, du centre et d’extrême droite.
Enfin si on se penche sur les petits partis, on pourrait noter que Dupont-Aignan et Hamon s’en tirent bien car ils verront leur campagne être remboursée, ce qui ne sera pas le cas du Parti Communiste et de l’UDI. On pourrait noter aussi les bonnes surprises du Parti Animaliste et d’Urgence Ecologie, que l’on n’avait presque jamais vu dans les médias mais qui devancent Lutte Ouvrière (malgré notre interview nous n’avons pas influencé les votes !), les pro-frexit (Asselineau et Philippot) et les Gilets Jaunes de Francis Lalanne (j’aurais tellement préféré que la fin de cette phrase soit une vanne).
Au final, ce scrutin et les émissions TV qui en ont découlés ont une fois de plus montré la médiocrité du paysage politique actuel. Entre le clash des 2 vieux Collard et Cohn-Bendit sur TF1, le faux coup de gueule du RN Julien Sanchez pour quitter le plateau de France 2 car il avait un rencard sur CNews et Marlène Schiappa qui s’est prise pour la reine du monde sur France 2, le poste de télévision était plus agréable à regarder avec un écran éteint. Et en ce qui concerne le score des forces écologiques, bien que le résultat soit meilleur que prévu, le physicien Aurélien Barreau a eu raison de rappeler que c’était encore trop peu et que l’importance accordée aux questions d’immigration et au libéralisme économique nous obligeaient à rester inquiet. Et au passage, non les « En Marche » vous n’êtes pas écologistes. Quand la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye se permet de dire que l’axe principal de leur campagne était l’écologie, je tiens à rappeler que peindre ses affichent en vert et prendre des selfies à la marche pour le climat ne sont en rien des actes écolo. C’est comme si je me prétendais plombier parce que j’ai un poster de lavabo dans ma chambre (et non je vous rassure ce n’est pas vrai…je cherchais juste un exemple à a con).
